Film

Je cherche encor' une fill' qui voudrait bien de moi ce soir un quart d'heure

Dix heures du soir, seul dans Paris
Mes amis sont partis, je traîne et j'memmerde
La pluie, Paris, la pluie
Oh...et puis draguer, draguer, ramer, ramer
Boîtes de nuits, boîtes à fric
Boîtes de conserves boîtes de cons...à l'huile pas question
Puis j'ai pas la clé
D'toute façon j'suis déjà beurré
Alors j'vais m'mettre de bonne humeur, voilà
Et pour ça il faudrait que je cherch'une fill' qui voudrait bien de moi ce soir un quart d'heure

Je cherche encor' une fill' qui voudrait bien de moi ce soir un quart d'heure

Bon, ben y'a qu'un' solution alors...au Bois
Tout d'suite au Bois
Facilités de paiement, crédit total
Voyons...Les contre-allées de l'Av'nue Foch
Les quartiers chics
C'est là qu'y'en a l'plus
Y'a mêm'des Espagnoles c'est vous dire
Des anciennes bonnes ou alors toujours des bonnes
Avec elles il faut payer franco
Ah...l'Espagne, Franco, le pays de l'honneur, des taureaux des guitares
Où le gui fait bonheur et la tare c’est Franco c’est bien connu…
Avenue du bois, en voilà deux blondes… je m’arrête, je baisse la vitre, la grande approche il lui manque une dent - souvenir d’un légionnaire dans les fossés de Vincennes !- Allez, un stage à Saint Claude ! Je demande " combien ? ", enfin combien elle me doit, elle me traite de p'tit con, et je démarre…
Il pleut toujours… Tiens deux autres encore, une brune une blonde ! !
Oh oh c’est des travelos ! La blonde a des gros seins, qui disent aux chien ! Quand j’étais petit, ils me faisaient peur les travestis, maintenant ils me font rire surtout à 6 h du matin en collant et mini jupe avec leur barbe mauve qui pousse, le rouge à lèvre délavé et la perruque de travers boitant sur leurs talons orthopédiques…
Ah le monde se trouve petit, monsieur, et il monte sur quelque chose pour grandir…et je démarre…

Je cherche encore une fille qui voudrait bien de moi ce soir un quart d’heure….

Il pleut toujours et il fait froid…Je tourne à droite, un car de police tous feux éteints, hum hum ! ! ! Je continue… Tiens des mateurs derrière les arbres, ah ah les mateurs ils s’arrangent toujours pour qu’on les voit ! ! !…
Je fais le tour, Porte Maillot, Avenue du Bois et je recommence ! !…
Tiens une fille seule, en jupe longue… c’est bizarre une pute en jupe longue, je m’approche, elle est sous la pluie sous un parapluie, sous un réverbère…
Ma parole elle est sublime, j’y crois pas ! ! Mon cœur bat ! Je m’arrête, je recule, je baisse la vitre je l’appelle : elle tourne la tête, me regarde, elle pleure…
Je me rends compte que je la vouvoie, elle ne répond pas et s’en va…
J’ai peur de la gêner et je démarre, je l’ai lâché et puis je rentre dans Paris, je rentre dans Paris très vite il pleut toujours…
C’est le faux petit jour…
A 7 h il fait nuit en décembre à Paris, la foule parisienne court sur place et fait la queue déjà dans les clous, des parapluies, des flaques d’eau, des flaques d’eau arc en ciel d’huile de voiture, des bus bourrés de gens violets et tièdes, et des voitures, des odeurs de parfums et de mégots de gauloises, mêlés aux odeurs des cheveux sales et mouillés, des essuies glaces des lumières partout qui brillent et bougent et se reflètent,
Il fait nuit à Paris et cette fille sublime qui se cache sous la pluie dans le bois de Boulogne pour pleurer ! ! !…
Il fait nuit à Paris mon amour, j’ai envie de lui dire, il fait nuit à Paris, de décembre en juillet mon amour, au pays des zombies à Paris, il fait nuit… il fait nuit, méfie toi à Paris, il fait nuit pour toujours… Fille perdue fille paumée, je reviendrai vous voir demain… "

Je cherche encor' une fill' qui voudrait bien de moi ce soir un quart d’heure…