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Biosynthèse:
Réduire
l'importance musicale de Pierre Vassiliu au tube qui lui colle
aux basques : "Qui c'est celui là" serait faire
peu de cas d'un artiste atypique, aux multiples talents dont
celui, et pas des moindres, est de savoir "se la couler
douce" ! C'est tout d'abord vers les chevaux que se porte
l'intérêt de ce fils d'émigré Roumain;
jockey!. En parallèle, il s'entraîne à la
guitare. Le jazz exerce sur lui une réelle attirance,
tout comme des auteurs comme Brassens. Peu à peu il se
met à composer et passe à "l'Ecluse",
là même où Barbara a fait ses premières
armes. Son premier 45 tours est un coup de maître : "Armand"
remporte un grand succès en 1962. Il lui permet, rien
de moins, de faireela première partie des Beatles à
l'Olympia ! La France, alors en pleine crise en raison de la
guerre d'Algérie, supporte mal son brûlot "La
femme du sergent", mais se console en fredonnant les airs
de "Charlotte" et "Ivanohé". Pierre
Vassiliu n'a pas peur des mots ni du sens de la formule.
Le cinéma fait appel à ses talents, à commencer
par Claude Lelouch. Il restera fidèle au genre de longues
années. On trouve un autre lien, un peu plus éloigné,
avec le 7ème art puisqu'il compose pour Marlene Dietrich.
Son premier album date de 1969 "Amour amitié".
1972,
second album "Attends" suivi l'année suivante
par le fameux tube adapté d'un titre très politique
de Chico Buarque. La curiosité sans limite de ce "touche
à tous les styles" le conduit dans de nombreux pays
du monde. Presque en dilettante, il sort des albums qui ne rencontrent
que peu de retentissements. Puis l'Afrique, où il parti
pour une simple tournée, marque un grand tournant dans
sa vie. Il finit par s'installer au Sénégal qui
devient sa patrie d'adoption. La vie s'écoule loin des
fureurs du showbiz, univers de requin qui décidément
ne correspond pas du tout au monde de Vassiliu. Retour toutefois
en France en 1986 avec "Toucouleur". L'album étonne
le public qui accueille ce titre avec ferveur.
Autre
album en 1987 "L'amour qui passe". L'année suivante,
il fait se tordre de rire ses admirateurs lors de ses tournées
avec la reprise d'un hit des fifties : "Les grillons".
Plusieurs albums suivront, reflets de l'influence de ses voyages
et du métissage musical. 1998, pour un temps, Vassiliu
devient chanteur engagé en sortant "Parler aux anges".
Tendrement désespéré par l'apathie ambiante,
le chanteur poète reprend la route pour semer ses rimes
à qui veut bien l'entendre.
Son
activité artistique a réjoui les fans avec l'album
"L'hommage délicieux à Boby Lapointe"
paru en 2002 suivi en 2003 par un CD enregistré avec des
griots sénégalais.
En
2004, sort « Pierres Précieuses », double cd
de reprises (Studio et live) et de nouveaux titres. Magistral album.
En 2008/2009, Pierre Vassiliu fait la tournée et la croisière
« Âge tendre et têtes de bois ». Succès
personnel énorme.
Loin des médias, Vassiliu n'en possède pas moins un
public fidèle et attentif, prêt à venir l'applaudir
à chacune de ses rares apparitions sur scène.
Qui c'est celui là
?
Né
le 23 octobre 1937, à Villecresnes dans ce qui deviendra
plus tard le Val de Marne, d'un médecin d'origine roumaine,
et de sa femme de la région de Tours, il ne brille pas
particulièrement par ses études, ce dont l'avenir
ne lui tiendra pas rigueur. Sa passion c'est le cheval, où
il concourt hippiquement et cours de même (6 victoires au
tableau de chasse).
A l'hippodrome du Tremblay, le hasard va lui permettre de rencontrer
deux apprentis cavaliers qui ne sont autres que Roger PIERRE &
Jean-Marc THIBAUD. Ceux-ci apprennent qu'il meuble son temps libre
à écrire & composer des chansons, auront tôt
fait de le faire sortir des paddocks (et du sien en particulier),
pour commencer à chanter ces textes mais également
ceux de BRASSENS à l'ECLUSE & l'ECHELLE DE JACOB, cabarets
parisiens très populaires à l'époque.
Malheureusement, c'est l'époque de la guerre d'Algérie,
et celui-ci est incorporé au service photo des armées,
dont il gardera une aversion qui donnera lieu à des chansons
confinant à l'antimilitarisme, avec raisons semble t'il.
Il faut dire qu'il est employé, entre autre à faire
des photos de cadavres, ce qui, effectivement rends moins cocardier
!
Il entre au petit conservatoire de la chanson de MIREILLE, où
l'on pourra le voir chanter le "TWIST ANTI-YE". Repéré
par E VARTAN, frère de Sylvie, il sort son premier disque,
qu'il vendra à 150 000 exemplaires, ce qui, pour l'époque
est déjà un beau score.
Cela lui permettra par ailleurs de faire, plus tard la première
partie de ses spectacles à l'OLYMPIA, en 1963, avec Claude
FRANÇOIS, et, en 1964, avec Trini LOPEZ, avec en américaine,
quelques anglais "LES BEATLES".
Mai revenons à nos vinyls, il s'agit de "LA FEMME
DU SERGENT" chez TWIST, rapidement réédité
sous label DECCA. Le même disque comprend "ARMAND"chanson
écrite avec son frère (qui par la suite travaillera
dans la publicité), et une chanson anti militariste "J'AI
L'HONNEUR".
Les années DECCA
Vu les chansons, plombées de contrepèteries, ou
osées, celles-ci passent en radio, mais tard le soir. Cela
ne l'empêchera pas d'avoir un public grandissant. Il va
alors, édités une série de super 45 tours,
relativement fait du même moule, qui de "CHARLOTTE",
à "GEORGETTE", en passant par "ALICE",
"ALAIN-ALINE", "IGNACE", "DUDULE",
"ELEONORE" et autres "EUGÈNE", lui
feront visiter toute "LA FAMILLE TUYAU DE POÊLE".
Chacun de ces 45 tours, comprends une chanson plus sombre, ou
moins drolatique, qui déjà laisse à penser
que celui-ci va prendre des chemins de traverses.
Les musiques de films
Ces années le verront composé plusieurs musiques
de films, dont "UNE FILLE ET DES FUSILS (1965)" pour
LELOUCH, mais également, "LA FILLE D'EN FACE(1967)",
"ADÉLAÏDE & WILD RACERS(1968)", "LE
PETIT BOUGNAT(1969)" avec Isabelle ADJANI, ou "ILS(1970)".
Les années BARCLAY
68 passe, et il reprend ses activités par un 45 tours,
dans la ligne des précédents. A noter la chanson
"A nos soldats"
En février 1970, sort son premier album, "AMOUR-AMITIÉS",
tout en nuances et ensoleillé.
Le ton change, évidemment il reste encore quelques titres
d'humour, mais le climat sonore, est plus doux, moins grand guignolesque.
Les sujets familiaux, et les réactions vers l'extérieur
deviennent plus important.
C'est également l'époque où il part à
APT, dans le Lubéron, ou il créera une salle de
spectacle qu'il appellera l'"USINE". Les artistes y
sont payés, non plus par cachet, mais en pourcentage de
la recette.
Les musiciens qui l'entourent alors, ont pour noms, Claude ENGEL,
Bernard LUBAT, Olivier BLOCH-LAINE, Patrick BEAUVARLET.
Il ne monte à Paris, que pour créer des spectacles
entre Happening, et ......joyeux foutoirs. Pourtant, cette période
est la plus intéressante, car la plus créative,
tant au niveau des textes que de la musique.
1973, là va tomber, le tube "universel" français,
qui reste dans toutes les mémoires "QUI C'EST CELUI-LA",
une reprise de "PARTIDO ALTO" de Chico BUARQUE, chanson
engagée au brésil, soumis alors à la dictature,
et bien légère en France.
Suit, un album "JE SUIS UN PINGOUIN" en 1974, qui regroupe
certains titres déjà sortis et d'autres créées
pour l'occasion.
Il promène ses humeurs, et ses musiciens, du "Cabaret
de la TOUR EIFFEL, au "CYRANO"avec les spectacles "POUR
BOIRE", de l'OLYMPIA" avec Dick ANNEGARN (et sa grande
chaise), Gilbert MONTAGNE et son "FOOL", et quelques
poules et poulets sur scène ! Puis le THÉÂTRE
DE LA VILLE, lors de la sortie de l'album "VOYAGES"
en 1975, la gaieté MONTPARNASSE, lors de celle d"ALENTOUR
DE LUNE" en 1976, uniquement (mais est-ce bien le terme)
accompagné de Georges RODI, et ses synthétiseurs.
En 1978, parait "DÉMÉNAGEMENT" qui est
le disque qui nous fait découvrir sa nouvelle compagne
LAURA, dont on avait déjà entendu parler dans un
45 tours de 1976. Toute l'histoire est dans son livre "LA
VIE A NE RIEN FAIRE", alors un seul conseil : lisez-le.
Les années AFRIQUE
En 1979, VASSILIU déménage.........cette fois de
maison de disque. C'est le triptyque RCA, "TOUTE NUE","LE
CADEAU" & "PRÉSENTEMENT" en public,
avec Denis VAN HECQUE au violoncelle électrique et "sans
caisse" !.
Le public acheteur de disque n'est pas au rendez-vous, par contre
les concerts sont toujours aussi enlevé, ce qui justifie
sûrement le disque public. Tout cela "sent" de
plus en plus l'Afrique.
Maintenant, il devient le voyageur des maisons de disque, puisqu'il
passera jusqu'a aujourd'hui, par CBS, PHILIPS, YABA MUSIC/JUST'IN,
POLYDOR & enfin WH Prod pour les derniers albums.
Nous voici en 1984, nouveau changement, dans la vie de Pierre.
Après avoir sorti le disque ROULE...BOURRE" il doit
se produire à Dakar, pour inaugurer un club de vacances,
il découvre enfin l'Afrique. C'est décidé,
il s'installera au Sénégal, en Casamance, où
il se repose quelque temps.
Puis, il ouvre un bistrot à Dakar, toujours plein de musicien
et .....de langouste (Voir son livre).
1986, le verra organiser, suite à la sortie de son 45 tours
"TOUCOULEUR", une tournée avec des musiciens
africains en 1986/87.
1989 Sortie du livre "LA VIE A NE RIEN FAIRE"
Fini l'Afrique, c'est Toulouse qui voit revenir notre héros,
avec la sortie de "L'AMOUR QUI PASSE", nouvelle tournée
et sortie du livre dont je vous rabats les oreilles depuis 5 ou
6 paragraphes.
Les années WH Production
En 1988, il fait l'acteur dans "Périgord noir"
de Nicolas RIBOWSKI, sa précédente prestation étant
dans un illustre film inconnu "La saignée" de
Claude Mulot. Il a aussi prêté sa voix, à
Adam de la Halle, dans la version française de "ROBIN
DES BOIS" des studios DISNEY en 1973, mais son plus grand
acte de bravoure a été de refuser le rôle
d'Hugolin dans "JEAN DE FLORETTE" de Claude BERRY, par
ailleurs déjà proposé à Coluche, pour
partir en Afrique.
En 1993, avec l'aide des éditions Paul BEUSCHER, qui sont
le seul fil conducteur de toute sa carrière, puisqu'il
y déposera toutes ces chansons, il réalise un disque
dans la société de production du fils de d'André
Verchuren.
"LA VIE CA VA", va connaître une carrière
plus qu'honorable, et sera suivie de reprise de ces premiers succès,
" LES DÉLIRES DE PIERRE VASSILIU" en 1995, dans
un style Musette Jazz .
Pour finir, son dernier disque "PARLER AUX ANGES", le
plus abouti de ces albums, l'age et la sagesse ont du faire leur
effet, bien soutenu par sa maison de disque, rappelle à
tout le monde, la présence de et auteur / compositeur /
interprète, sans concessions, et qui à su passer
à coté des sirènes du métier.
2003 Le nouvel album, et il est double !
Un album de voyages, avec des musiques des pays visités,
accompagné d'Espagnols, d'Indiens, de Sénégalais,
Brésiliens, Réunionais, Gitans, ....Sétois,
Montpelliérains & mézois !
Un second CD en public enregistré à Marseille, et
à Pezenas, accompagné par des musiciens toulousains.
Soyons clair, le plaisir de chanter & de jouer est toujours
là. C'est même le moteur du disque, avec ces multiples
rencontres de musiciens.
Quelques chansons ont été soit composées
pour d'autres chanteurs. D'autres ont été reprises,
toutefois celles-ci sont en nombre restreintes. Il semblerait
qu'il aurait composé pour Claude François, Yves
Montand, voir même pour Marlène Dietrich.
2005 Parution de la Biographie aux Editions N°1. Quelques
concerts par-ci, par-là; pour le plaisir, pour payer une
ardoise, par amitié.
La tournée, en 2008, "âge tendre & têtes
de bois", vaut à Vassiliu un succès personnel
exceptionnel. Ce qui n'empêche pas de disparaître
des scènes et de vivre, voyager, découvrir, avec
Laura, le monde et ses musiques.
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Les
années 1937 à 1966
De la naissance aux années Decca
Pierre
Vassiliu naît à Villescresne en Seine et Oise le
23 octobre 1937. Son père, d'origine roumaine, médecin,
est violoniste tzigane et sa mère pianiste. Il va tout
d'abord à l'école de Sucy-en-Brie. Pour lui, c'est
le commencement de la fortune. Il vend n'importe quoi sous le
préau pendant les récréations: des ampoules,
des billes et des fixe-chaussettes. Il met tout l'argent dans
ses poches car iln'a pas de tirelire. La musique, c'est le soir
en rentrant à la maison. Le jeudi, il y a bridge et le
vendredi concert. Outre ses parents, il y a un drôle de
type, avec une raie au milieu, qui joue du violon. Pierre, son
frère Michel et sa soeur Anne écoutent, attentifs
et regardent amoureusement le trio. Il se souvient qu'il porte
alors des galoches et des pantalons de golf et qu'iln'a pas le
droit de dire un mot. Il grandit dans la musique, entre un frère
aîné et une soeur plus jeune, dans le cadre d'une
maison un peu bohème, toujours ouverte. Puis, un jour,
sa mère quitte le foyer. Elle laisse derrière elle
un enfant passionné, qui aime déjà la musique,
la comprend et la ressent. Son enfance scolaire s'en ressent...
A 15 ans, il s'achète une guitare avec l'argent qu'il a
gagné sous les préaux. Après l'école
de Sucy, il entre au lycée Albert de Mun, à Nogent.
Et, ensuite, dans une école religieuse dans l'Aisne avant
d'intégrer le collège de Provins. Entre deux lycées,
il se retrouve au collège de Saint Maur. C'est là
qu'il perfectionne sa voix en somnolant au premier rang de la
chorale des petits chanteurs de Saint François d'Assise.
Enfin, il échoue à paris, au lycée Charlemagne.
Il est alors en troisième. A la sortie des cours, il joue
souvent avec les copains dans les couloirs du métro de
la station Bastille. En sport, il est gardien de but et, c'est
la première fois qu'il se trouve doué pour quelque
chose... Il fait des conquêtes et écrit ses premiers
poèmes qu'il chante en s'accompagnant à la guitare.
Il apprend en outre le piano et consacre ses heures de loisir
à sa passion du cheval. Après son premier bac, il
passe à l'institut universitaire libre et fait ses débuts
au cabaret. Il se produit pour la première fois Chez Moineau,
rue Guénégaud. Mais, passionné de sport équestre
depuis des années, il décide de s'y consacrer à
plein temps.
Sa taille, son poids et sa vieille intimité avec les chevaux,
qu'il fréquente depuis l'âge de 9 ans, mènent
tout droit Pierre au dur métier de jockey-garçon
d'écurie. pendant quatre ans, il ne fait que ça
et en vit. Remarquable cavalier, il est moniteur dans un cercle
hippique. Il se charge même du dressage et participe à
quelques courses en gentleman. Au cours de l'été
1956, il est promu Maître écuyer. Deux de ses élèves
se nomment Roger Pierre et Jean Marc Thibault... Sous les futaies
de la forêt de Rambouillet, les deux cavaliers découvrent
les talents extra-équestres de leur guide. Car, Pierre
vassiliu n'a pas délaissé la musique. Au contraire,
il compose de plus en plus. Ils lui accordent quelques mots de
recommandation qui lui valent d'être reçu ç
l'Ecluse et à l'Echelle de jacob. Il se débrouille
plutôt bien et on sent que le métier le possède...si
ce n'est le contraire! En 1958, il part faire son service militaire
en Algérie, vingt neufs mois dans le Constantinois. Il
en retirera un très mauvais souvenir qu'il évoquera
plus tard dans sa magnifique chanson "Dans ma maison d'amour".
Versé au service photographique de l'armée, il lui
faut, parfois, photographier des cadavres. Et puis, la discipline
et l'esprit militaire ne conviennent pas à sa nature. parrallèlement,
durant ses temps libres, il se plonge dans la lecture et goûte
fort les écrits d'Albert Camus et d'Emile Zola. Il fait
également des conquêtes féminines, dont une
AFAT (auxiliaire féminine de l'armée de terre) qui
lui inspire la chanson "La femme du sergent", composition
savoureuse et rigolote au rythme enjoué. Il compose aussi
"J'ai l'honneur". Plus intimiste, mélodieu et
aérien. Ce titre annonce déjà l'évolution
future... A son retour, il reprend son métier et interprète
chaque soir au cabaret les morceaux qu'il a ramené d'Algérie.
Le 16 novembre 1960, Pierre vassiliu chante ainsi "La femme
du sergent" à la télé, dans une émission
de variétés. Il rencontre aussi une jeune femme,
Marie, qu'il épouse. Ils s'installent dans une maison à
Gouvernes. Ce petit bout de femme, comme il se plait à
le raconter dans "A toi marie", ose braver l'opinion
en choisissant elle-même son mari. Elle préfère
tenter sa chance avec ce saltimbanque, cet artiste qui a le nez
dans les étoiles, alors que ses parents rêvent d'un
employé de banque, d'un ingénieur textile ou d'un
cadre supérieur. Une petite fille naît, baptisée
Sophie.
Entre-temps, Pierre vassiliu est devenu le secrétaire d'
Eddie vartan, frère de la belle Sylvie. Il propose ses
chansons et "La femme du sergent" est enregistré
fin '62 chez Decca pour le label Twist. Le super 45 tours sort
en janvier 1963 avec un autre titre accocheur: "Armand",
cosigné avec marie. De nombreux auditeurs fredonnent bientôt
cette rengaine enjouée: "C'était un pauv'gars
qui s'appelait Armand, l'avait pas d'papa, l'avait pas d'maman".
"J'ai l'honneur", qui tranche avec l'esprit comique
de l'ensemble, et "Les cacahuètes grillées"
complètent ce disque. Pour un début, c'est plutôt
réussi! Sur la pochette, Pierre vassiliu affiche un visage
passablement candide. Le résultat ne se fait pas attendre.
les Français aiment cet humour/calembour. Pierre Vassiliu
vend près de 100.000 exemplaires de ce premier EP, repressé
en avril sur étiquette Decca. "Armand" passe
régulièrement en radio. On le voit alors en première
partie de Richard Anthony à l'Olympia, à partir
du 3 février, avec Annick Bouquet, Françoise Hardy,
Boby Lapointe et Jacky Moulière. Son répertoire
légèrement grivois est toujours bien acueilli. Le
27 mars, Pierre interprète "Armand", "la
femme du sergent" et " Les cacahuètes grillées"
à "Rendez-vous juniors" avec Claude François
et Sheila. A l'Olympia, le spectacle "les idoles des jeunes",
prévu pour durer la première quinzaine d'avril,
suite à son succès, est prolongé de dix jours
avec Pierre Brun, les Brutos, les Champions, Jean Jacques Debout,
Little Eva, Claude François, Colette magny, les Tornados,
Sylvie Vartan et Pierre vassiliu qui poursuit dans la veine humoristique
avec "Charlotte" sur son deuxième EP, toujours
dirigé par Eddie Vartan, de nouveau écrit avec Marie.
En juin '63, Decca édite ce titre sur son second super
45 tours. Pour l'occasion, il pose à côté
de son cheval qui a fait les beaux jours des concours hippiques,
rappelant que, derrière le chanteur, sommeille le jockey
capable d'imposer la fameuse et incontournable "Charlotte"
avec son refrain délirant et enjoué: "Toc toc
toc, qui qu'est là, qui qui frappe à ma porte, est-ce
toi la Charlotte, est-ce toi ma bien aimée? Oui c'est moi
la Charlotte, Je viens chercher ma culotte, ouvre vite beau culottier,
fait pas chaud dans ton quartier". Pierre vassiliu est alors
loin des préoccupations des artistes engagés ou
existantialistes.
Son but est de faire marrer et ce disque aligne encore deux autres
morceaux amusants: "Ronde enfantine" et "Le nombril".
Seule la très bellecomposition "Trois étoiles",
due à marie vassiliu, détonne par sa poèsie.
Sur ce deuxième opus, il a droit à une dédicace,
au verso, de maître Georges Brassens qui écrit: "Au
temps où les porteurs de message sont légion, rien
n'est plus agréable que de rencontrer au détour
d'un disque, un chanteur qui ne vise d'autre but que de nous amuser,
qui chante pour son plaisir et pour le nôtre. Pierre vassiliu
appartient à l'espèce des artistes qui veulent la
joie du public et non son ennui. En outre, tout en plaisantant
aimablement, il ne se gêne pas pour être poète.
Longue vie Pierre Vassiliu!". Le 23 septembre, Pierre se
produit à l'Olympia, avec Hugues Aufray et Enrico macias,
en première partie des Everly Brothers et de Peter, Paul
and Mary. Le 4 novembre '63, Pierre passe à "Du Caf'Conc
au Music Hall" avec Gilbert Bécaud, Jacqueline Boyer
et Rita cadillac, puis, il part en tournée avec Johnny
hallyday, Hugues Aufray, Fia karin, Laura et les Lionceaux. Tout
ceci le mène de nouveau à l'Olympia où, du
15 janvier au 4 février 1964, il présente "Le
twist anti-yéyé" en première partie
de Trini Lopez, Sylvie Vartan et...Les beatles! Il a de quoi être
fier, même s'il passe en lever de rideau. Quelle publicité!
Son rôle de baladin grivois des temps modernes fait mouche.
Il amuse la galerie et s'attire les faveurs du public. Decca en
a profité pour mettre sur le marché son troisième
disque en décembre 1963 avec une belle pochette où
Pierre semble regarder la neige derrière une vitre. Arrangé
par Jean Claudric, ce super 45 tours contient de bons titres comme
"Alice"(signé avec marie)avec son intro bien
rythmée qui donne le ton: "Quand j'ai connu ma douce
Alice, c'était à l'hopital saint Louis, je faisais
soigner mes varices et d vilaines maladies". Le décor
est planté! Pierre Vassiliu fait rire et il récidive
avec "Twist anti yé-yé", co-écrit
par gérard Sire (amuseur et collaborateur de jean yanne)
et Michel Simon. les paroles sont au diapason. L'équipe,
par moquerie, va à contre-courant: "Yé-yé-yé-yé
laisse-moi étudier, yé-yé-yé-yé,
j'préfère travailler, maman j'veux pas être
une idole, je préfère aller à l'école".
Outre "Si j'avais su", "le coureur cycliste"se
distingue aussi par sa beauté lyrique...
Après l'Olympia de Johnny Hallyday, du 6 février
au 15 mars, Pierre repart avec lui en tournée. Il y a aussi
Eric Charden, Nathalie Degand, Laura & Sophie. La tournée
durera jusqu'à l'incorporation de Johnny, en mai. Le 11
juin, Pierre Vassiliu chante "La femme du sergent" à
"chansons pour la vie" avec Alain Barrière, Pétula
Clark, Françoise hardy et Sylvie Vartan. Durant l'été
'64, il donne quelques récitals sur le paquebot "France".
José Artur (futur producteur du "Pop Club") est
alors, de février 1964 à mai 1968, le directeur
artistique des croisières sur le "France". Pour
le music-hall, il s'entoure des grands noms de l'époque:
Colette Renard, Les frères Jacques, Ricet barrier, Jacques
Bodoin, Micheline dax, Jean Claude pascal, Amalia Rodrigues, Gérard
séty, Nicole Croisille, Georges Ulmer, les frères
ennemis, Virginia Vee et Pierre Vassiliu! Celui-ci ne démérite
pas. Au contraire, il se professionnalise chaque jour d'avantage.
Après Eddie Vartan et Jean Claudric, Ivan Jullien, à
partir de juin 1964, assure la direction d'orchestre, sur le EP
publié avec le titre vedette "Ma cousine", un
thème de son épouse marie. Cet esprit paillard,
utilisant toujours le calembour, connaît quelques soucis
avec la censure en faisant rimer "pipe" avec "cousine"...
La chanson regorge de jeux de mots et de chausse-trappes. Ainsi:
"Connaissez-vous ma cousine, celle qu'a les yeux en trou
de pipe, et qui le jour de mes vingt ans, avoulu m'faire son amant,
voilà comment ça s'est passé, excusez-moi
si c'est osé, puis quand elle fut dévêtue
et que je vis le trou d'son nez, sincèrement j'aurais pas
cru qu'on puisse être aussi négligée, elle
n'avait rien de folichon, si vous aviez vu ses nylons, on aurait
juré des chiffons, elle était sale enfin passons".
Pierre joue ostensiblement avec l'attente de l'auditeur qui devine
la prochaine rime. Ce procédé n'est pas nouveau
et rejoint quelquefois la chanson de corps de garde. mais l'artiste
sait y faire et choisit on ne peut mieux son vocabulaire, même
si celui-ci vole assez bas parfois. Fort de ce succès,
il chantera plus tard "Mon cousin", toujours sur le
même mode de rimes décalées. les autres chansons
de ce EP, "A marée haute"(la Marne), "Le
sahara" et "Georgette", sont moins marquantes.
On peut dire qu'il a un certain penchant pour les prénoms.
Son répertoire en est truffé. Il construit ainsi
des personnages qui marquent l'imaginaire du public.
Du 24 septembre au 14 octobre, Pierre vassiliu retrouve l'Olympia
dans le spectacle de Claude François avec Pierre Barouh,
les Swingle Sisters, Michèle Torr et Dionne Warwick. Puis
il part en tournée avec Hugues Aufray, Sylvie Vartan et
Thierry Vincent. Pour couronner son succès, Decca publie
un premier album en janvier 1965. Celui-ci retient 12 titres sur
les 16 de ses 4 premiers super 45 tours. Quelques notes au verso
le présentent avec un portrait circonstancié: "En
vérité, un curieux garçon, un visage aigu,
mi-lutin, mi-oiseau, une moue ironique et tendre de la lèvre
supérieure, les yeux chauds, tour à tour ronds et
fixes, puis rêveurs et soudain réchauffés
d'humour tendre: Pierre Vassiliu est insolite. De petite taille,
la tête penchée, un peu rentrée dans les épaules
qui se relèvent, un corps mince, agile, il déconcerte
dès son arrivée, toujours brusque, innatendue."
La pochette du 33 tours est très jolie, révélant
un chanteur attentif mais déterminé. Au verso, lartiste
s'amuse en présentant, déguisé, huit des
personnages de ses chansons. En mars 1965, avec le fidèle
Ivan Jullien, il enchaîne avec un nouvel opus. Celui-ci
moins percutant, groupe "Les défilés",
"Les cocus magnifiques" et "Adieu mon théâtre"
autour de la chanson pivot "Eugène". Encore une
fois due à Marie, dont le refrain accroche plus: "Eugène,
tu m'gênes, Eugène, tu m'gênes, t'as qu'à
r'tirer ta casquette, Eugène, tu m'gênes, avec ta
grosse paire de...lunettes". Le 23 avril, Pierre Vassiliu
et les Bab's sont à l'affiche de "Music-hall de France".
Le 12 juin, il passe dans "Plein feux" avec Maurice
Chevalier, Pierre perret et Sheila. 1965 est une bonne année!
Fort de sa renommée, Decca lui confie la production de
deux EP de Willy Lewis, ex-batteur des Chats sauvages, des Champions
et des Gamblers, orchestré par Ivan Jullien dans le style
Rhythm'n'blues. Le premier super 45 tours, en juin, aligne 3 adaptations
plaisantes: "C'est tellement bon"("I got a woman"
de Ray Charles), "Je suis relax" (de Joe Tex), "J'ai
connu des filles" (de J.Crutchfield) et un original de Willy
& Pierre, "J'aimerais tant". Le second, en novembre,
tout aussi intéressant offre 4 titres parolés par
Willy Lewis, "Une femme", "Un soir à Londres",
Oui, ça me plait" et "Pourquoi". Tous deux
chez Decca.
Mais c'est plutôt dans la chanson pour lui-même que
Pierre Vassiliu reste le plus actif car le public apprécie
toujours le style bouffon qu'il a su créer. Pour l'été
1965, Decca édite un autre EP, toujours dans la même
veine avec pour titre fort: "Alain-Aline" suivi de "La
famille Tuyau de Poêle", "Les joyeux drilles"
et "La boutique à tabac". Et, le 6 juillet, sa
"Famille Tuyau de Poêle" est au menu de "quoi
de neuf". Parrallèlement, Claude lelouch lui a demandé
de composer la musique du film qu'il a tourné avec Jeanine
Magnan, Pierre Barouh, Amidou, Jacques Portet et jean Pierre Kalfon,
"Une fille et des fusils". Pierre relève le défit
avec l'aide de Ivan Jullien et offre les thèmes de "Une
fille et des fusils", "Martine", "les fusils",
Enghien", générique fin", etc. sur un
très rare super 45 tours et encore plus rare 33 tours.
Du 9 au 27 octobre 1965, il retrouve la scène de l'Olympia
avec Richard Anthony, Claude Ciari, Shawn Elliot, Guy Marchand
et sandie Shaw. 1966 est indiscutablement son année, avec
la sortie de "Ivanhoé" paru en décembre
'65. Tout le monde ou presque connaît le début: "Voilà
qu'j'arrive les potes, je vais mettre ma culotte, et endosser
ma grosse cote, j'ai fini mon p'tit saume, je me passe du baume,
je vais coiffer mon haume, les Sarazins go home, Ivanhoé"
Toujours arrangé par Ivan Jullien, cette chanson qui est
derechef un tube, propulse ad vitam eternam Pierre Vassiliu au
panthéon des bouffons. Les autres titres " Le manège
désanchanté", "l'affaire du sciècle"
et "La famille fainéant" (adaptation d'un morceau
de Joe tex) sont, comparativement, moins concluants. Le 4 janvier
'66, Pierre Vassiliu chante "La famille Tuyau de Poêle"
et "Dans le train" à "Calembredaines".
Fort de son succès "Ivanhoé", le 9 avril,
il est l'invité de "Music Hall de France". Et,
le 18 juin, il interprète "La page d'écriture"
à "C'est la vie quotidienne". Seulement voilà,
après un gros hit, Decca en demande un autre! D'autant
plus que ces derniers temps ses disques se vendaient moins. Mais,
récidiver avec autant d'impact n'est pas aisé. Surtout
que Pierre cherche à changer de style. Ce n'est pas du
goût des dirigeants de son label. Change-t'on un cheval
gagnant? Vassiliu plait dans ce registre. Il doit continuer! La
mode est au Jerk, en juin 1966; il se fend d'un autre super 45
tours dans la foulée. Un titre vedette, assez cru et plutôt
cynique s'en détache: "La foire aux boudins"
(Jerk Beurk).
Si l'on juge que la chanson de Dominique Walter "Les petits
boudins" manque d'élégance, alors, écoutons
bien les propos distillés cruement par Pierre Vassiliu:
"Yé-yé, c'est la danse des gros boudins, rien
dans la tête ou dans les mains, et quand elles secouent
leur gagne-pain, elles balancent comme des radiateurs, Ya, ya,
elles portent des robes au d'ssus du genou, des g'noux aussi marrant
qu'la guerre, elles ont l'impression de danser le Cheurk, moi
je me pose la question en vain, si ça s'rait pas plutôt
le beurk, You-you". Paroles on ne peut plus dures, dues à
un Pierre Vassiliu corrosif. On est porté à le croire.
Outre "La foire aux boudins", avec Ivan Jullien, les
ringard's et la participation de Nicole Croisille, les autres
morceaux, "Le petit maçon de Mâcon", "Une
chanson pour danser" et même "Ta ta tar"
ont un côté plus fade. Il faut dire que la lassitude
à gagné l'artiste et qu'il a d'autres idées
dans sa besace. Encore faut-il lui faire confiance et le laisser
décider par lui-même! Il en a assez qu'on pense pour
lui et qu'on agisse à sa place. Alors, "La foire aux
boudins" n'est-elle pas une réponse cinglante envers
une direction qui manque d'horizon? Ce que ne comprend pas sa
maison de disques. En décembre 1966, il sort néanmoins
"la femme du capitaine" (et non pas du sergent) couplé
à "C'est Bébère", "Bonjour
madame" et "Sur la grève" qui est son chant
du cygne. En mars '67, Pierre Vassiliu revient avec "Les
minettes", autre thème à la mode après
les boudins. "La pipe à papa", "Je n'ai
jamais osé parler aux femmes" et "Qu'est-ce qu'on
s'paye". Le 13 octobre Pierre Vassiliu est à "Bienvenue
chez Guy Béart" avec Pierre barouh et Nicole Croisille.
Et, en novembre, il délivre son dernier EP chez Decca
avant de quitter le navire, couplant en guise de baroud d'honneur
"Et ta soeur" à trois prénoms: "Ignace",
Eléonore" et "Dudule". Néanmoins,
en décembre '67, il signe encore la musique du film de
jean Daniel Simon "La fille d'en face" arrangée
par Roland Vincent et éditée en simple. En 1974,
Pickwick éditera un 33 tours de ses anciennes chansons
incluant seulement quelques titres du premier album. Entre ses
enregistrements, Pierre Vassiliu aide sa femme Marie, qui dirige
une boutique de mode à Saint germain des Prés. Parmi
les clientes favorites, on note la présence d'Isabelle
de Funès pour qui il écrit des Bossa Nova. A présent,
Pierre vassiliu a tout le loisir de penser à son futur
disque qui a tant consterné Decca et entraîne son
départ de cette firme au profit de celle d'Eddie Barclay.
Une page se tourne, une nouvelle va commencer!
(Dominique Martin de la Cruz/JukeBox magazine 201)
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Vassiliu,
de '67 à '74
Le
style farceur de ses premières années, à
partir de 1963 (voir post précédent du 31/10/09)
a valu à Pierre Vassiliu une solide réputation d'amuseur,
de personnage bon enfant. Seulement, l'homme est plus complexe
qu'il n'y paraît et, en 1970, au détour d'un magnifique
album pop "Amour Amitié, il accomplit avec aisance
une mutation que d'aucuns lui envient. Tendre, nostalgique, profond
et aérien, il fait désormais partie du paysage musical
des grands solitaires
comme gérard Manset ou François Béranger.
Le ton est donné. A l'auditeur d'être à l'écoute.
Après avoir quitté Decca qui n'approuve pas les
nouveaux choix artistiques de Pierre Vassiliu, celui-ci signe
chez Barclay. En 1968, cette firme publie le très beau
super 45 tours "Samedi matin l'empereur", avec "Mon
cousin", "Papa donne-moi des coups" (avec ses neveux
Agnès et Marc) et "Le soldat masqué".
Le 17 janvier 1969, pour le gala annuel de SLC Braille, à
la mutualité, Pierre Vassiliu est à l'affiche avec
Georges Chelon, David Christie, Dani, Gilles Dreu, Michel Dylay,
Florent, les Haricots Rouges, les Irrésistibles, Gilles
Marschal, les Strangers et les Sunlights, le tout présenté
par jean Pierre Foucault et Patrick Topalof. Le 8 mai, Pierre
est à Musicolor avec France Arnell, Philippe Clay, Dani,
Olivier Despax, Pierre Perret, Georgette Plana et Catherine Sauvage.
Pour l'été, il poursuit, soutenu par l'orchestre
de Claude Bolling, avec "On est jamais tranquille",
"les gros cocos", "A nos soldats" et "Le
protecteur". Le 3 juillet, il chante "A nos soldats"
à Music Album avec Antoine, Frédéric Botton,
Lucky Blondo, Annie Cordy, Les Charlots, Nicole Croisille, Guy
Marchand, Théo Sarapo, Hervé Vilard et David Alexandre
Winter. Pour la fête du 14 juillet, il reprend ce titre
à "L'heure des vacances" avec Pussy cat, Maya
Casabianca, Philippe Clay, Noël Cognac, Cristina, Jacqueline
Danno, Virginia Vee, Hervé Vilard et Roger Whittaker. Le
21 août, Pierre Vassiliu interprète "Les gros
cocos" à "Bonsoir la France" avec Bergen,
Eric Charden, Les Charlots, Nicole Croisille, Patricia, Catherine
Sauvage, Anne Vanderlove et les Variations. Le 6 septembre, Pierre
Vassiliu offre "Le petit prince" et "Ivanhoé"
à "Chansons en contrebande" avec Pierre Barouth,
Brigitte Fontaine, Seroka et Stella. Le 3 octobre '69, il chante
"Le petit caporal et le vieux caporal" dans "les
airs du temps": "Napoléon (suite) avec Martine
Baujoud, Carlos Ferrari, Guy marchand, Armand Mestrel, Jean Marie
Proslier et laurent Rossi.
Puis, Pierre Vassiliu prend le maquis pour produire son oeuvre.
Ce à quoi il croit fortement. Des chansons mâtinées
d'esprit californien car il a découvert pour son plus grand
bonheur Crosby, Stills & Nash et James taylor. A force de
persévérance et de talent, Pierre va produir un
petit chef d'uvre!
Il racontera plus tard que c'est pendant des séances pirates
qu'il va le peaufiner. Il est à l'affût de tout!
Quand Michel Delpech a terminé plus tôt que prévu
un enregistrement, il se précipite dans le studio pour
gagner une demi heure, voire une heure. Il mixe à deux
heures du matin, dans la clandestinité. Réalisé
par Yves Roze, alias Jean-François Michael, le 18 décembre
1969 au studio Davout par René Emeline et, le 20, chez
CBS par Bernard Estardy, l'album "Amour Amitié"
sort en janvier 1970. C'est un disque particulièrement
réussi! Aucun titre n'est faible ou moins intéressant,
même si certains, comme "Amour Amitié"
(parlant de Nicole Croisille?), "une fille et trois garçons"
ou bien encore "On imagine le soleil" surpassent légèrement
les autres. mais, écoutez bien la poèsie aérienne,
la sonorité des mots, le langage poétique de "Mais
toi si tu pars", "J'aime pas l'hiver" ou bien de
"Poème glauque" et vous comprendrez que ce 33
tours est conçu comme une entité, aucune partie
ne pouvant vraiment se détacher du tout. C'est aussi le
cas pour "Bonsoir madame", "A toi Marie" et
"Pourquoi?". La photo de la pochette, en noir et blanc,
illustre à merveille le propos. L'amour et l'amitié
sont des sentiments emprunts de gravité. Les visages du
couple sont sérieux. L'écrin soyeux enveloppe une
bien belle perle. Quelques personnes de renom ont aidé
à produire ce bijou tels Aldo Frank, Gilbert Rovere, Tony
Rallo, Philippe Dalecky, Catherine Gérard et Michel Bernholc
qui va suivre quelque temps la nouvelle voie du chanteur. Des
textes de qualité sur des musiques originales. Tel est
le but que s'est fixé Pierre Vassiliu! La résultante
en est le bon accueil que lui réserve la presse pop. Oublié,
fini le bouffon! Place à un vrai artiste pour qui la Pop
a véritablement une place à part dans ce monde de
requins. D'ailleurs, Barclay profitera de sa renommée en
1974, durant son passage à l'Olympia pour rééditer
cet opus. Sur sa lancée, Pierre assure émissions
télé et concerts afin de promouvoir l'album. Entre-temps,
Barclay publie un simple avec "Amour Amitié"
en face A et, au verso, "Mais toi si tu pars". Durant
l'été '70, il donne plusieurs galas en Corse où
son répertoire séduit beaucoup. En octobre, il enchaîne
avec le 45 tours "Sois tranquille c'est facile", couplé
avec "Avant, pendant, après" cosigné avec
Pierre Tisserand.
Ces deux chansons séduisent par leur simplicité
et leur fraîcheur. Il est accompagné par l'orchestre
de Tony Rallo qui comprend parfaitement ses attentes et produit
par François Bernheim. D'autant plus que Pierre Vassiliu
soigne ses mélodies. Il en résulte une force assez
originale. L'année '71 se présente assez bien pour
lui. Il peaufine de nouvelles compositions et, à l'été,
fait la connaissance d'Eddy Mitchell avec qui il sympathise. Ils
préparent même une maquette d'émission télévisée.
Il faut dire que de nombreux points communs les rapprochent dont
l'humour et la bonne chair... A la suite de leur rencontre, Pierre
se voit confier les churs du prochain disque d'Eddy. Auparavant,
en mai, Vassiliu sort un nouveau simple dont les deux titres accrochent
fort. "En avant les petits enfants" (hymne poétique
à l'enfance, l'innocence et la beauté) et "Dans
ma maison d'amour", petit chef d'uvre éthéré
vantant et défendant de nouveau les rapports amicaux et
amoureux. Pour vivre heureux, vivons caché. Aussi, le chanteur
n'hésite pas à fermer sa maison à double
tour pour éviter les vautours. "Dans ma maison d'amour"
est un véritable bijou, bien arrangé par raymond
Donnez. La presse Pop apprécie sa démarche, même
si l'artiste dit que, s'il n'est pas encore adopté, il
est du moins toléré... Grâce à ce morceau,
dans lequel il met toutes ses aspirations, il conquiert un nouveau
public qui attend impatiemment une suite à ce simple. Même
la radio diffuse ces deux chansons à intervalles réguliers.
Les tournées se suivent et se ressemblent. Il refait un
Olympia dans la foulée et travaille d'arrache-pied à
son prochain 45 tours publié en décembre 1941. Il
couple "Comme j'en ai envie" et "Mon amour mon
amour" s'inscrivant dans la suite logique du précédent.
"Comme j'en ai envie" dégage des accents californiens
à la manière de Crosby, Stills & Nash. Pierre
Vassiliu ne s'en cache pas. Il aime le fameux trio. Mais, avant
tout, il cherche un son qui lui plaise. Et, il l'a trouvé
dans la musique Californienne. En tout cas, son style est gai
et "Comme j'en ai envie" résonne d'un bien-être
nonchalant.
Les paroles sont à l'avenant: "Le jour de ma mort,
j'aimerais bien être surpris dans le lit d'une fille comme
j'en ai envie. Qu'il y ait un rayon de soleil se faufilant sous
les rideaux gris. Pas de pleurs, pas de mouchoir...j'veux partir
sans histoire." Pierre veut partir heureux et tranquille,
choisir son type de mort, joyeuse et chantée par les cigales
en plein midi. L'autre titre, "Mon amour mon amour",
est délibérément une chanson d'amour dédiée
à son épouse Marie. C'est un très beau morceau,
délicat, intime, sensible et pudique dont il est accoutumé
depuis sa seconde carrière. Pour se faire, il sait mêler
et s'emmêler les mots: "J'en connais qui vont rire
quand je dis que l'amour on en meure. Mais de tous ces mots-là,
les couples d'aujourd'hui en ont peur. Une femme de coeur quand
on l'aime de près je vous jure qu'elle en pleure. Que les
chiens de fusil arrêtent d'aboyer. C'est d'un éclat
d'amour que je veux vous blesser." Le chanteur a évolué.
Il est accompagné dorénavant par un groupe qui comprend
au hasard des séances d'enregistrement des musiciens fort
talentueux. parmi ceux-ci: Pierrot Fanen, Claude Engel, Alan Reeves,
Alain Legovic (Alain Chanfort), Donald Rieubon (ex "Problèmes"),
Bernard Lubat et Anne Vassiliu. Que du beau monde! Pierre l'a
dit un jour, il n'est pas un militant, encore moins un guérilléro.
Ses thèmes ne sont jamais politiques. Il s'est construit,
au fil des années, une vie agréable pour sa famille,
sa femme et ses enfants. Il ne vit que pour s'éclater avec
ses potes musiciens. faire la fête, prendre du bon temps.
Et, il a réussi à faire passer le message à
travers ses chansons. Ce qui n'est déjà pas si mal.
1972 est l'année de la consécration. Il regorge
de projets et déborde d'enthousiasme. Le 12 février,
il participe à "Jeunes vagues", une émission
TV avec Zoo, Joël Daydé et Daniel Guichard. Le 14,
il se produit à l'Olympia dans le spectacle de Robert Charlebois.
Il y interprète, entre-autres, les succès de son
dernier simple ainsi que "En avant les petits enfants",
"Dans ma maison d'amour" et "Amour amitié".
Il dit, peu après que, pour son métier, il est prêt
à quelques concessions mais pas dans les divertissements
télévisuels de Raymond Marcillac ou Guy Lux. Pierre
écrit aussi avec Eddy Mitchell "Entre Max et Mao"
qui est écarté de l'album "Zi-Zag" et
repris, en 1979, sur la compilation "Eddy Mitchell Story
1972-1974", puis, dans son intégrale CD.
Mais avant tout, Pierre Vassiliu a d'autres idées en tête
dont une qui lui tient particulièrement à cur:
déménager! Il ne supporte plus la vie parisienne
avec son air pollué et ses encombrements perpétuels.
Il opte pour le sud de la France. En mars, il emménage
dans le Vaucluse, près d'Apt, dans une belle maison de
deux étages d'où il peut voir le mont Ventoux. Dans
le terrain, il réserve même un petit cabanon à
ses chers amis. Il va jusqu'au bout de ses rêves! Essayer
de vivre autrement. Loin de la ville, du bruit, de la fureur et
de l'indifférence. Ce qui ne l'empêche pas de monter
à Paris pour les concerts et les télés. Début
avril '72, il se produit à nouveau à l'Olympia.
A cette occasion, lors d'une interview à Pop Music Superhebdo,
il déclare à propos de son style: "Ce que je
chante et ce que je joue, c'est de la Pop, mais, avec un peu moins
de bruit que les autres...Cependant, je ne suis pas d'accord sur
la signification que l'on donne au terme de Pop Music. C'est plus
que de la musique populaire!" Avis aux amateurs. Le ton est
donné et le tour est joué! C'est un beau succès.
Le 8 avril, il est de retour dans le programme TV "jeunes
vagues" avec Zoo, Christopher Laird, Léonie, Claude
Dubois, Yvan Dautin et herbert Léonard. Durant l'été,
à partir du 16 juillet, il est sur les routes de France
avec Julien Clerc et Véronique Samson. Tous les trois s'entendent
à merveille. Cette tournée est souvent couronnée
d'éclats de rire. Pendant une quarantaine de jours l'entente
règne au sein du trio. Le public leur fait chaque soir
un triomphe. Pierre Vassiliu ne chôme pas! Il a préparé
plusieurs chansons depuis quelques mois. Et, à la rentrée,
du 19 au 21 octobre, il s'enferme avec ses amis au château
d'herouville pour enregistrer avec Andy Scott ce qui va devenir
une merveille incontournable de la chanson Pop française,
l'album "Attends". Pierre Vassiliu succède lui-même
à François Bernheim à la direction artistique.
Le 30 cm est truffé de bons morceaux comme "Mes six
copains", " Pauvre flic", "Je lui téléphone"
ou "laisse-moi parler". Le disque culmine avec le morceau
"Un enfant", chef d'uvre réaliste et message
d'amour d'une intensité rare. Cette composition émouvante
côtoie avec bonheur des titres plus légers comme
"Attends" (écoute toute la musique) et "Elle
m'a laissé l'hiver" (La saison que je préfère).
Toutes ces chansons parlent d'amour et d'amitié, mais "Un
enfant" dépasse en qualité tous les autres
thèmes. Mêlant poésie et réalisme aigu.
Pierre Vassiliu réussi là un tour de force. La musique
est somptueuse, toute en nuance et en crescendo. Et, les paroles
on ne peut plus explicites et expressives: "Il a dix ans.
Il est né de parents méchants. Elle se dit sa mère.
Lui qui se dit son père. Il n'est que son amant. Un enfant
sans maman n'est plus un enfant. C'est un grand. Il a dix ans.
Et son père boit très souvent. Sa mère vit
la nuit. Mais qu'est-ce qu'on fait la nuit. dans la rue saint
Denis." Alors, à ce moment-là, le refrain pathétique,
ponctué de solos de guitare, clôt le couplet avec
cette phrase qui résonnera longtemps à nos oreilles:
"Un enfant sans maman n'est plus un enfant". Pierre
Vassiliu donne là, en abordant un sujet grave, un sérieux
aperçu de son énorme talent. Il est loin le temps
des chansons légères du type "Armand".
Le chanteur rachète tout un passé de comique avec
un seul titre! C'est une gageure mais, c'est une réalité!
D'autres compositions planantes comme "Vous tout" (il
y a des abris atomiques dans les landes. Malgré cela on
n'ose à peine se dire vous. On est fous) ne manquent pas
de charme ni de beauté. Il faut dire que CLaude Engel (guitare),
Michel Bernholc et Raymond Donnez (claviers), Marc Bertheaux (basse)
et Bernard Lubat (batterie/claviers) sont au diapason, donnant
au 33 tours une harmonie de ton et une unité musicale inégalées.
Le morceau "En réponse à votre lettre du 2/11/72"
clôt le disque majestueusement. la pochette est à
l'avenant, belle et étonnante. Le sérieux du recto
détonnant avec le verso. Cet opus démontre à
quel point Pierre Vassiliu a su se détourner des voies
toutes tracées pour épouser les chemins de traverse.
Alors que pour Noël sort le 33 tours 17cm "Les bleus
de Blanche" et "l'Arrivée du Père Noël",
un 45 tours offre le sublime "Marie en provence" qui
dit tout sur son attachement pour son épouse, même
si l'envers "Ne me laisse pas" semble indiquer que tout
n'est pas rose dans le couple. Les sonorités sont aériennes
et flirtent bon avec l'esprit californien qui l'anime. Avec le
LP "Attends" Pierre Vassiliu entre dans la cour des
grands! Il vient de réaliser là une fantastique
réussite qui va le poursuivre longtemps.
Mais ce pingouin n'a pas tout dit et Pierre Vassiliu retourne
vite dans sa Provence retrouver femme et enfants. 1973 commence
fort pour le chanteur. Il tourne dans le film de Claude Mulot
"La saignée". Même si ce n'est qu'un rôle
mineur, il y prend plaisir. Pierre a pour partenaires Bruno Pradal,
Charles Southwood, Sidney Chaplin et Françoise prévost,
entre autres. C'est un thriller violent qui révolutionne
les formes et les modes du film noir, présenté par
son auteur comme une fable politique. Un thème de réflexion
sur les origines du fascisme. La musique est due à un vieux
complice de Pierre Vassiliu: Eddy Vartan. Mais, si cette expérience
l'a intéressé, il se sent loin de l'univers du cinéma
et retourne vite à la chanson, accompagné se ses
fidèles musiciens.
Dans le courant de l'année, il sort l'entraînant
"J'ai trouvé un journal dans le hall de l'aéroport"
qui sonne bien à la manière de Crosby, Stlls &
Nash tout en flirtant avec la musique brésilienne. Au verso:
"Viens chanter"est cosigné par Claude Engel.
Le disque connait le succès et est souvent programmé
à la radio. Son style plait parce qu'il est gai! Pierre
Vassiliu s'éclate avec ses amis, il ne s'en est jamais
cache. Ce qu'il veut faire, avant tout, c'est de la bonne Pop
Music. Il compose de nouvelles chansons en vue de son spectacle
à venir. A la fin de l'année, paraît un 45
tours couplant deux beaux morceaux existentiels: " Qui c'est
celui-là?" et "Film". dans le premier, emprunté
au Brésilien Chico Buarque (Partido Alto), Pierre s'amuse
à ironiser sur le système, les gens et lui-même
avec son petit ventre rond qui plaît aux femmes...tout en
prenant son Pastis avec le chef de gare!Une phrase en dit long
toutefois dans la chanson: "Mais ça emmerde les gens
quand on vit pas comme eux". On peut être différent,
certes, mais il est parfois difficile d'assumer cette différence
pleinement. Pierre Vassiliu a néanmoins trouvé sa
fusée interplanétaire pour atteindre les sommets
des hit-parades. "Qui c'est celui-là," est massivement
matraqué sur les ondes, associant, dans l'esprit de certains,
l'artiste à un faiseur de "tubes". Ce qu'il n'est
pas! Comme d'ailleurs la suite de sa carrière le montrera.
La face B "Film" avec sa belle et lancinante mélodie
répétitive aux effluves réalistes, séduit
également d'emblée. Pierre vient de produire là
son meilleur disque entouré des inséparables Bernard
Lubat, Claude Engel et Marc Bertheaux.
En février 1974, il monte le spectacle "Pour voir"
au théâtre Cyrano à Paris. C'est un triomphe
qui démontre les talents incontestables du batteur Bernard
Lubat qui s'affirme comme un misicien hors pair. De même
que pour le guitariste hyper doué (aux sonorités
Jazzy) Claude Engel. Pour sa prestation, Pierre Vassiliu a dressé
une table, genre buffet froid où les musiciens viennent
se ravitailler. De la salle, j'observe émerveillé
ce vrai et beau concert qui s'anime sous mes yeux. Il reprend
quelques-uns de ses vieux succès seul à la guitare
comme "Ma cousine", "Alice" ou "Mon cousin".
Il y a du beau monde pour l'applaudir dont Georges Moustaki au
premier rang avec sa fille. Pour le dernier titre, je me retrouve
sur scène en compagnie d'autres personnes invitées
par Pierre, à interpréter le refrain détonnant
de "Film":"Cherche encore une fille qui voudrait
bien de moi ce soir unn quart d'heure". Les trois groupes
formés pour ce morceau, chantent en canon. Juste en face
de moi, il y a Eddy Mitchell et Anne Vassiliu qui partagent le
même micro. Nous sommes sur une autre planète ce
soir-là au Cyrano. Durant l'entracte, j'ai l'occasion de
discuter avec Pierre Vassiliu. Ce ne sera pas la dernière.
Suite à mes questions, il m'apprends qu'il y a longtemps
qu'il rêvait de faire ce genre de répertoire mais
que son ancienne maison de disque, Decca, s'y opposait... Il lui
a fallu attendre puis agir dans l'ombre avant de s'exposer au
soleil. Pour l'heure, cette soirée marque un tournant.
Il a su s'entourer d'excellents musiciens et l'osmose est bien
réelle. En avril, sort un nouvel album, "Qui c'est
celui-là?" qui confirme le succès du spectacle
du Cyrano. La pochette est très réussie avec un
Pierre Vassiliu rêveur regardant les étoiles. Il
est devenu un pingouin et le chante. "Je suis un pingouin".
Ce disque a le mérite de recenser les simples précédents.
Outre ce tube, il offre un autre inédit de choix, "Le
pied", véritable hymne à la paresse sur un
tempo bien enlevé. Ces dux titres sont d'ailleurs commercialisés
un peu plusb tard en simple. Sur ce, l'ami Pierre et son groupe
de pingouins, mâles et femelles, continuent les tournées.
En juin 1974, dans le cadre de la foire-exposition de Picardie
à Amiens, "Salut les copains" et "Mademoiselle
âge tendre" présentent, en collaboration avec
le Courrier Picard, une série de concerts sous chapiteau
géant. Le programme, alléchant, est le suivant:
samedi 8 juin: Carlos, le 10 juin: Nicolettea, mercredi 12: Alain
Chamfort, Pierre Vassiliu passe le jeudi 13 tandis que Gérard
Lenorman et Michel Delpech se produisent les deux jours suivants.
Une belle affiche. Juste avant l'été, Pierre invite
Patrick Beauvalet (batterie), Olivier Bloch-Lainé (basse),
Nico Bunink et Claude Engel à le rejoindre dans sa maison
du Lubéron afin d'enregistrer ce qui va devenir le slow
langoureux et torride de l'été aux paroles osées...
"En vadrouille à Montpellier". Construite sur
un rythme lancinant, la chanson parle de flirt dans une boite
de nuit. La face A: "Il était tard ce samedi soir"
plus enjouée, basée également sur une mélodie
répétitive, balance mieux. On y apprend que tarzan
n'est pas né au Congo mais au Tyrol... Pierre Vassiliu
s'amuse avec le mythe. On sent que les musiciens s'en donnent
à cur joie. Ce morceau, qui dure 5'40 (tout comme
l'autre), finit en une longue jam instrumentale qui donne la part
belle à la guitare de Claude Engel. En novembre, Pierre
Vassiliu et sa troupe se produisent à l'Olympia dans le
cadre du spectacle "Au travers". Au total, 25 personnes
sont sur scène, dont Bernard Lubat, le Claude Engel groupe,
Gilbert Montagné et Dick Annegarn. Malgré la qualité
du show, l'accueil du public est mitigé. Peut-être
le concert est-il trop long, la prestation du chanteur trop diffuse
au milieu de tout ce monde. Et la salle de l'Olympia, si belle
soit-elle, n'est pas le théâtre du Cyrano, mieux
adapté à ce genre de spectacle qui se veut intime,
malgré tout., ce passage à l'Olympia est une belle
expérience. Il s'en explique en quelques mots: "Les
gens qui m'aiment bien verront au travers de moi et, s'ils m'aiment,
ils aimeront le reste! Et puis, au travers, c'est la continuité
logique de Pour Voir."
Que dire de mieux en cette fin '74? Pierre Vassiliu, chanteur
atypique, tire sa révérence en beauté, après
une année bien chargée. C'est un art. Mais, n'est
pas pingouin qui veut. Qu'on se le dise!
Après '74, c'est encore de nouvelles aventures, dignes
de Pierre Vassiliu, qui l'attendent; qui nous attendent!...
(Dominique
Martin De La Cruz/JukeBox Magazine 202)
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Autre
bio
Né
le 23 octobre 1937 à Villecesnes dans le Val-de-Marne,
Pierre Vassiliu est le fils dun médecin roumain
réfugié en France. Malgré cet exil, lenfance
de Vassiliu est marquée par la guerre et lOccupation
dont il sort avec une envie de croquer la vie à pleines
dents. Adolescence zazoue et vie de Bohême, Vassiliu ne
semble pas attiré par une carrière médicale
comme son père, ni même par les études en
général. Turfiste et amateur de courses hippiques,
Pierre Vassiliu envisage tout dabord une carrière
de jockey mais sa rencontre en 1954 avec les fantaisistes Roger
Pierre et Jean-Marc Thibault ainsi que la fréquentation
des cabarets parisiens le convainquent de se tourner vers la
profession de chansonnier, dautant quil dispose
dun talent de plume certain.
Qui
cest celui là ?
Au
milieu des années 1950, Vassiliu commence à écrire
ses propres textes et trouve un premier contrat à lEcluse,
un cabaret parisien. Marchant dans les pas dun Georges Brassens
ou dun Pierre Perret, Pierre Vassiliu émaille ses
textes de jeux de mots, contrepèteries et autres fantaisies
verbales qui font son succès auprès du public parisien.
Cest en 1962 quil sort son premier disque vinyle,
« Armand » qui sécoule à près
de 150 000 exemplaires. Du jour au lendemain, le petit gars des
cabarets passe à la radio et soffre même lOlympia
en première partie des Beatles pour marquer ses débuts
en fanfare.
Devenu
un yéyé en dépit de ses textes travaillés
et de ses rythmiques se rapprochant davantage du jazz que du rock,
Vassiliu entame une grande tournée en compagnie de Johnny
Hallyday ou Françoise Hardy. Deux ans après «
Armand », son talent est sollicité par le réalisateur
Claude Lelouch qui lui commande la bande originale de son film
Des Filles et des fusils alors que plusieurs interprètes
de renom tels Yves Montand ou Claude François se bousculent
à sa porte pour obtenir quelques titres de lui.
Complètement
toqué, ce mec-là ! Complètement gaga
Cette
activité dauteur pour les autres a pour conséquence
de mettre sa propre carrière de côté quelques
années. Ce nest quen 1970 quil revient
sous son nom propre avec un premier album, Amour Amitié,
suivi deux ans plus par Attends, un album cette fois plus intimiste.
Oscillant entre la chansonnette humoristique et le répertoire
plus sérieux aux forts accents jazz et latino, Vassiliu
connaît son zénith en 1973 avec le titre «
Qui cest celui là ? », une reprise en français
dun morceau de Chico Buarque. Nonobstant le fait que Vassiliu
ait transformé une chanson de lutte sociale en morceau
comique et léger, « Qui cest celui là
? » reste à ce jour son disque le plus vendu et son
titre le plus connu.
Je
ne suis pas un play-boy, je ne paye pas de mine
Cependant,
le succès sessouffle car la chanson humoristique
commence à passer de mode. Ainsi, les albums Voyage, en
1975 et Déménagements, en 1978, ne rencontrent quun
accueil mitigé car Pierre Vassiliu, qui se tourne désormais
vers la musique latino surprend son public au point de lui déplaire.
Certes, lécriture de musiques de films et de chansons
pour dautres lui assurent des revenus confortables, mais
sa carrière personnelle stagne, en dépit de la sortie
de plusieurs albums et singles jusquen 1984, date à
laquelle, un peu en froid avec la France, il choisit de sexiler
à Dakar.
Je
me gare n'importe où j'vous jure que j'suis heureux
Retiré
des voitures, Vassiliu entame sa période africaine comme
simple tenancier de bars et de boîtes de nuit, profitant
au soleil de ses droits dauteur accumulés au cours
des années. Linfluence de la musique sénégalaise
est cependant plus forte que ses velléités de retraite
dorée et, rattrapé par ses vieux démons,
Pierre Vassiliu retourne en studio en 1986 pour enregistrer «
Toucouleur », un disque teinté de sonorités
africaines. Un nouvel album lannée suivante relance
lintérêt pour le chanteur dont plus grand monde
nattendait vraiment le retour et, en dépit dune
certaine discrétion, Vassiliu remonte sur scène
et tourne jusquà la fin des années 1980 avant
de lever à nouveau la pédale sur sa carrière
de chanteur.
Je
montais dans mon engin interplanétaire, et je ne remis
jamais les pieds sur la terre
Ce
nest quen 1993 quil revient, sous léphémère
patronyme de Pedro Vassiliu, avec La Vie, Ca Va, un album fidèle
à sa carrière de chansonnier avant de remixer façon
jazz manouche quelques-uns de ses anciens succès dans le
cadre de lalbum Les Délires de Vassiliu. Un retour
en fanfare soutenu par lhumoriste et animateur télé
Patrick Sébastien qui lui ouvre ses ondes et le fait profiter
de ses tournées estivales pour rencontrer le public.
Et
les hommes disent de moi...
Après
une période de sommeil artistique de cinq ans, Vassiliu
est à nouveau de retour dans les bacs avec un album à
la fois caustique et latino, Parler aux Anges, qui frappe du poing
sur la table en réaction à la mollesse du temps.
Moustachu solidaire, Pierre Vassiliu va même jusquà
reprendre le célèbre « Hasta Siempre Commandante
», en hommage au Che Guevara. Mais Vassiliu préfère
cependant la louche du maître queue et cest en tant
que gérant de restaurant quil passe les quelques
années suivantes, séloignant à quelques
occasions de ses fourneaux pour quelques parenthèses musicales
comme une reprise a cappella de « Belle qui tient ma vie
» ou un duo avec la modèle Thallia (« Lété,
où est-il ? », une reprise de Boby Lapointe). Toujours
attiré par lAfrique, Vassiliu enregistre en 2003
un album en compagnie dun groupe de griots africains, Pierre
Précieuses, qui rencontre un succès mitigé,
mais qui contente les fans... en attendant le prochain retour
sur scène du globe-trotter moustachu.
(Music
Story Benjamin D'Alguerre 2008)
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Sortie,
en 1993 de l'album "La vie ça va"
Le
rêve dun temps où le fric ne ferait plus la
loi
« DANGEREUX, ces gens-là sont dangereux ».
Le titre de l'album de Pierre Vassiliu résume sa colère
à l'égard des malades du pouvoir, des marchands
d'armes, des médias qui bidouillent, des gouvernants qui
leurrent les chômeurs
Il cogne sec, comme ça
lui vient, et ajoute à l'adresse de l'auditeur : «
C'est bien vous qui les armez, ces gens-là. » On
est loin de l'image du dilettante gentiment j'm'en foutiste popularisée
les médias. Il répète, sur les antennes des
télés, qu'il se considère comme communiste
et que cette société ne peut plus durer. «
Un paysage affreux se met en place avec des millions de chômeurs
démunis, un tiers-monde affamé et des rapports humains
dévastés. Cela ne peut finir que par une explosion
», explique-t-il. Le sourire revient : « Comment croire
qu'il n'y a pas d'argent dans ce pays, alors qu'un Français
vient de racheter le domaine de Château-Latour ? Il faut
un sacré paquet de billets pour s'offrir un des meilleurs
bordeaux. »
« Je suis toujours étonné de voir comment
nous pouvons tous avoir l'esprit annihilé par des idées
auxquelles on ne croit pas ou plus. Et pourtant nous nous laissons
faire. Voyez les élections : si tout le monde s'unissait,
tous ces personnages à l'égard desquels nous n'avons
plus d'illusions seraient balayés. Les seuls qui soient
lucides aujourd'hui et méfiants à l'égard
du pouvoir, ce sont les communistes. Et ils font le choix de la
fraternité. » A vue d'oeil, cette valeur compte au
yeux du chanteur. « Je rêve d'un temps d'échanges
où le fric ne ferait pas la loi. »
De là, sans doute, la méfiance qu'il éprouve
à l'égard du show-biz, et les distances qu'il sait
garder. En partant par exemple cinq ans au Sénégal,
ouvrant un bar-restaurant à Dakar puis un autre dans la
brousse, où venaient jouer au débotté ses
amis : Youssou N'Dour, Touré Kunda, Ismaël Lo
« Ma vie est une grande improvisation. » Pierre Vassiliu
vit désormais dans une ferme gersoise, entre ses vins,
son piano et un vieux tracteur des années soixante. «
Je tiens à préserver une véritable vie de
famille. A quinze ans, j'étais à la rue. Je ne veux
pas que mes enfants connaissent cela. Laura, ma femme, a vécu
en Hollande dans un milieu harmonieux. Elle m'a appris la vie
véritable. »
Durant sept ans, aucun disque de Vassiliu. Eloge de la paresse
? « Pas du tout. En deux ans, j'ai proposé huit maquettes
de disque aux grandes maisons. Elle ne m'ont même pas répondu.
C'est un des seuls moments où j'ai perdu confiance. Je
me suis dit : « T'es un has been. » Et puis, finalement,
me voilà avec douze nouveaux titres, et un album que je
considère comme le plus abouti. Là, je n'ai pas
terminé mes chansons sur le coin d'un bar. Elles sont achevées.
Si elles ne plaisent pas, je n'ai aucune excuse : c'est moi !
»
Résultat : un « album de variétés variées
», où les thèmes et les tonalités musicales
se succèdent, donnant un cocktail dynamique où l'humour
et l'amour dominent. « La vie, ça va » confirme
que Pierre Vassiliu figure bien parmi les meilleurs musiciens
français et qu'il a su travailler le reggae, les rythmes
afros et latinos, au profit d'un son bien à lui, qui n'a
pas oublié le goût du rock qui lui valait d'ouvrir
le concert des Beatles à l'Olympia en 1964. Ses années
africaines ont teinté les titres de leur tempo, et particulièrement
une douce et vive chanson dédiée à sa fille,
« Léna ». « J'y ai trouvé des
gens tellement gentils, chaleureux que je n'ai pas voulu vivre
là-bas comme le millionnaire qu'y est tout de suite un
Européen quelconque. Je me suis même fait initier
au vaudou : drôlement impressionnant. »
Entouré d'une équipe qui a « un feeling formidable
», il se prépare à en faire une véritable
fête (« bouffe comprise »). On peut lui faire
confiance, c'est un spécialiste
CD de Pierre Vassiliu, « La vie, ça va », chez
Polygram. (1993)
PATRICK APEL-MULLER.
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Pierre s'en
est allé le dimanche 17 août 2014. Il avait 76 ans,
la maladie de Parkinson le rongeait depuis 8 ans. Il nous laisse
orphelin de folies, de poésie, de chaleur humaine, de voyages,
de mélodies, de rires, de tendresse, d'émotions,
d'anarchie, de conivences. Il a posé définitivement
son cul sur la postérité, l'écrasant une
fois pour toute de son indifférence...
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